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en revenant de l'enterrement de R.
Ma mère était pensive. Son esprit allait, venait, revenait de l'une à l'autre. Sa cousine ... 92 ans... celle qui a vécu comme un légume plusieurs années, oui, celle qui était professeur de lettres classiques. Elle se remémorait ... Un homme du village était venu la voir, il y a longtemps. Il avait un ganglion, juste à la base du cou. Une visite de routine. Très fort, il se sentait toutefois un peu las. Il s'habille et va tout de suite retravailler, les vendanges ne pouvaient attendre. Comment dire à sa femme le peu de temps qu'il lui restait à vivre? Quelques jours après, il se couche, il ne s'est plus relevé. Alors, ma mère, toutes les trois heures, est allé lui faire de la morphine. La nuit, elle se levait, titubante, pour aller à côté de son lit de douleur. Son calvaire a duré six mois, son agonie ... Quand il hurlait de douleur, les voisins l'entendaient plusieurs maisons à côté. C'était le temps où l'on mourait chez soi, assisté par son médecin de famille et sous les yeux de sa famille. C'était le temps où les calmants étaient comptés parcimoneusement, sous peine de sanction pour le médecin traitant. ... "Si j'avais su ... je n'avais pas encore réfléchi" ... a-t-elle soupiré, pensant à sa cousine et à lui.
Ecrit par candide, le Lundi 9 Février 2004, 20:33 dans la rubrique "Premiers Pas".
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